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La BRESSE (1) (2)

blason En cette année 1948, on recense moins de 4000 habitants, le chiffre le plus bas depuis 1848 (un siècle !). Cette seule information vous permet d’évaluer l’impact de la seconde guerre mondiale sur cette commune vosgienne.
En bas de pages, quelques vignettes de photos prises en 1945 (pour accèder à l'image légendée, cliquez sur l'icône)...
Pour moi, même si je ne m'y rend plus qu'une fois l'an désormais, ce village de montagne restera à jamais le «creuset » dans lequel , dix ans durant, vont se fondre et s'amalgamer mes apprentissages, mes découvertes, mon éducation pour donner un "alliage" avec lequel je vais forger ma vie...
Dans cette haute vallée vosgienne vivent des gens discrets mais fiers avec lesquels je partage la devise qui figure sur nos armoiries devise qui va guider mes pas à travers le monde.


La généalogie d'Uncle PIT

"L'arbre généalogique", succinct, retrouvé dans une liasse de papiers jaunis, n'est certe pas suffisant pour vous éclairer sur la genèse de mes errances mais il vous permet de situer les protagonistes de ce premier récit.
Deux photos complètent, partiellement, cette approche.








la famille PIT

En fouillant mes souvenirs, c’est vers l’âge de 4 ou 5 ans que j’ai entendu parler d’Auguste PIT mon grand-père paternel, car je ne l’ai jamais connu ! Pas plus que mon grand-père maternel décédé avant ma naissance.
Auguste Pit est né en 1876 à Gérardmer dans les Vosges, Aline PEAR en 1879 dans une ferme au Hauts-Viaux, un lieu-dit perdu au fond de la vallée du Chajoux entre lacs et tourbières. Les circonstances qui firent se rencontrer Auguste PIT, et Aline PEAR, que nous situerons approximativement vers 1897 resterons à jamais inconnues mais il existe plusieurs certitudes conséquentes à cette rencontre :
La naissance d’une petite Madeleine en 1998, leur mariage à La Bresse le 17 Avril 1900 (Aline vient d'avoir 21 ans !), la naissance de 6 autres enfants, 3 filles et 3 garçons dont mon père Georges PIT, et enfin, l’abandon, par Auguste, de de toute cette maisonnée dans les années qui précédèrent la « Grande Guerre »…
J’ai cru comprendre au détour d'une conversation volée, qu'Auguste se serait noyé, accidentellement un jour, où, comme d’habitude il était ivre.
C'est donc seule, qu'a l'âge de 30 ans , Aline PIT va devoir élever sa marmaille, tout en travaillant comme tisserande avec la guerre en toile de fond.
Lourde tâche qu'elle va mener à bien comme en témoigne cette photo. La fraterie connaitra des destins divers et va se disperser :* - Berthe PIT a très tôt choisi sa voie, elle sera "soeur", Marie ne se mariera pas elle va partir dans l'aube pour créer un service social rural, Madeleine et Jeanne se sont mariées, la première restera à la Bresse, elle et son mari auront 4 enfants. La seconde, Jeanne quittera la Bresse mais restera dans les Vosges elle aura elle aussi 4 enfants. Marcel Pit mourra jeune, victime de "la sclérose en plaque", René se mariera il aura 2 enfants il quittera les Vosges.
Et puis il y a Georges, mon père, je lui consacre le chapitre suivant...



Mes Parents (g & r) ...

Georges PIT (Georges PIT) (15 juin 1906 - 3 mars 1986):


Georges, mon père…Il ne vit plus aujourd’hui que dans ma mémoire ; ce ne sont que des souvenirs et encore bien parcellaires qui me permettent de l’évoquer … Dis-moi pour quoi, papa, on n’a jamais parlé de ce qui me manque maintenant : ta jeunesse, ton adolescence, ta vie, pour quoi ?
C’est vrai, je suis parti de la maison assez vite, c’est vrai aussi que t’étais plutôt un « taiseux » comme on dit chez nous et surtout, surtout à cette époque, pourtant pas si lointaine il était rare, dans notre milieu que les parents se racontent.
Peut-être aurais-je du, lorsqu’on s’est retrouvé, que j’avais quelque peu « muri », te demander toutes ces choses. Je ne l’ai pas fait. Trop égoïste, trop inconscient alors du fait que la vie n’est pas éternelle, que tu approchais de la fin de la tienne et que moi, je pensais qu’on avait encore le temps. Fi des regrets, on ne revient jamais en arrière, alors je vais essayer de te raconter avec les moyens du bord !
Ta jeunesse elle fut bien courte ! À 13 ans, tu es « rentré à l’usine", un tissage (georges PIT-1) comme il y en avait beaucoup, avant, à La Bresse. Ce métier tu vas le pratiquer 5 ans durant.

As- tu eu une enfance heureuse ? Ou même une enfance ? Le bonheur est une notion tellement personnelle qu’il m’est impossible de répondre. Je ne peux qu’imaginer ta vie dans un village perdu au début du XXème siècle, pas de père, une mère à l’usine et 6 frères et sœurs… Aline avait fait le choix, funeste erreur, mais incontournable dans La Bresse des années 1900, de te mettre à « l’école libre » chez « les frères », mais comme tu avais plutôt la tête dure, ceux-ci ne s’embarrassèrent pas à essayer de t’inculquer un quelconque savoir… Tu passas le plus clair de ton temps à entretenir leur potager… Ce qui ne sera pas sans conséquences nous le verrons plus tard.
Tu vas passer toute ta vie dans tes Vosges natales, mis à part quelques incursions à l’extérieur :
A Nancy tout d’abord, le temps de ton service militaire(georges PIT-2) , où ayant appris à conduire un char d’assaut tu obtins, ton permis de conduire !!!
Puis, il y eu la seconde guerre mondiale, tu fus remobilisé et l’armistice de 1940 va te retrouver dans le centre de la France(georges PIT-3 & 4) >. Démobilisé tu rentres à la Bresse et là, tu va fuir le STO, échapper aux raffles de la déportation, pour aider ceux de la Bresse à survivre...Tu as traversé la guerre sans te cacher, droit, comme toujours.
Dès la fin des hostilités, tu reprends ton métier de « Graniteur » plus exactement « polisseur de granit » (georges PIT-5) chez Louis MOUGEL à la Clairie, c’est la que tu vas rencontrer Renée FARD, jeune veuve de guerre d’un de tes collègue de travail André RYM.
RENEE et toi, allez-vous marier en 1947(georges PIT-6) , en 1948, moi, UNCLE j’apparais dans votre vie le 1er Mai (ça ne s’invente pas), mon frère DAN viendra compléter la famille trois ans plus tard.
Dans mes premiers "vrais" souvenir, tu travailles chez ADAMI, tu es très engagé syndicalement et tu t'investis beaucoup dans la conduite de la grande grève des années 50 qui va paralyser tous les chantiers des hautes vallées vosgienne.
La solidarité des Bressauds par rapport à votre mouvement m'ont profondément marqué je pense!
Tu étais aussi pompier volontaire et tu donnais des cours dans les centres d'apprentissage, quelle revanche sur l'école, papa !!!
Si je ne te l'ai jamais dit ou fait comprendre, je t'aimais beaucoup et je suis fier de toi...
Fier de tes 53 années de travail, fier du sapeur pompier volontaire que tu as été, fier des valeurs que tu m'as transmises.
Tes seules « escapades » ce fut pour découvrir la mer ! En 1959, lorsque tu es venu(georges PIT-7) me rechercher à Grasse… Ce sera la Méditerranée, à 51 ans, puis l’Atlantique et la mer du Nord en Bretagne en 1972. Ton apothéose : la visite de PARIS en 1983.
Retraité depuis 1967, tu vas t’éteindre comme tu as vécu, discrétement, le 3 Mars 1986, dans l’appartement que vous occupiez, Maman et toi depuis que tu avais cessé ton activité.
Raconter ta vie même à travers le filtre de ma mémoire prendrait des pages entière tant elle fut riche et pourtant ordinaire…
Peut-être un jour me lancerais-je dans cette narration? Peut-être... Pour le moment il ne faut pas que j’oublie Maman, car elle aussi a une Histoire.

Renée FARD (Renée FARD) (14 juillet 1908 - 29 avril 1998):


Je suis furieux, aujourd'hui alors que j'écris ces lignes, je m'aperçois que de mes parents, finalement je ne connais rien qui soit antérieur à l'époque des premières perceptions de mon environnement ou la remémoration de conversations tenue lorsque je fus plus agé.
De la jeunesse de Georges, je n'ai pas pu vous narrer grand chose, de celle de Renée, c'est encore pire, un grand trou noir!!!
Une certitude, elle est née le 14 juillet 1908 à la ville sur Illon, improbable commune des Vosges, son père, mon grand- père donc, je n'en connais même pas le prénom, par contre, je me souviens très bien de ma grand-mère, qui vers la fin de sa vie partageait son existence entre La Bresse, (chez nous) et Senones (chez son fils), mon oncle Ray. Je pense que mon demi-frère Chris Rym, est beaucoup plus au fait que moi de la vie de notre mère postérieurement à son mariage avec Georges PIT.
Je crois que Renée a passé sa jeunesse dans "la principeauté de Salm"(ref.1), avant d'atterir à la Bresse, ou à Basse sur le Rupt? (ref.2) en quelle année? Comment? Pourquoi? Autant de questions qui restent encore sans réponse aujourd'hui.
Pour Dan et moi, elle a toujours été "mère au foyer" pourtant elle a travaillé à la Mairie de la Bresse, à priori jusqu'en 1947. Dans quel service ? Je ne sais le dire mais j'appris, lorsque je fus en âge de comprendre, qu'elle s'était occupée des tickets de rationnement durant la guerre ce qui lui valu une certaine notoriété locale.
Renée, Renée, je t'en ai fait voir de toutes les couleurs et pourtant si je te crois Dan, j'ai toujours été ton "chouchou"! c'est vrai çà ? Moi,je n'en suis pas aussi sur que toi!
La suite de mes élucubrations vous permettra peut-être de vous faire une opinion sur le sujet !
Maintenant que vous connaissez Père et Mère, si on en venait à Uncle?