fini les coulisses,l'artiste entre en scène !!!
Au pied du "Graal" !
Il est 7h30, calé dans la banquette arrière du taxi hèlé quelques instants
plutôt en gare de Brest, le bout du monde , j'achève la nuit commencée dans le train. Perdu dans mes rêves, je regarde sans voir les rues qui défilent.
L'arret de mon véhicule met fin à ma demi somnolence. Il s'immobilise, le long du trottoir,porte CAFFARELLI, l'accès principal à l'arsenal de BREST
(1),
suite à l'injonction d’un cerbère en faction.
Mon sang se glace un court instant quand je me rends compte que j'ai en face de moi, pour la première fois, le pire ennemi du marin, son prédateur
quasi exclusif:
le flic maritime (2) !!!
- permission, affectation, feuille de route aboie le chien de garde aussi aimable qu'une porte de prison!
Perturbé par cette attaque directe et me remémorant l'ouï-dire que j'avais concernant cette engeance, je m'exécute malgré tout avec célérité.
Mes papiers étant en règle et ma tenue impeccable, le taxi est autorisé à poursuivre sa course...Il navigue avec l'assurance des "anciens " dans les
méandres de l'arsenal
et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis rendu...En cale sèche : la Jeanne est en petit carénage(0) elle regagnera le "quai
d’Armement",
son poste d'amarrage lorsqu’elle est à "Brest même", le 15 septembre.
Bien qu’étreint par l’émotion, je ne m'attarde pas au pied de la coupée(3) et sac sur l'épaule, valise à la main je gravis d'un pas martial
les marches de la passerelle.
Arrivé sur le bord, je laisse tomber sac et valise, je me tourne vers l’arrière et j’effectue le salut militaire. Il ne fallait pas commencer sur une
fausse note, j’ai préféré
assurer car ayant les mains prises j’aurai pu me contenter une fois tourné vers l’arrière de hausser le menton dans un mouvement que chez les anciens
on appelle le "coup de bouc".
Ce rituel(4) effectué, le factionnaire ayant tout de suite deviné que j’étais un nouvel embarqué, (pas difficile à voir, avec le ruban
"école des détecteurs" sur le bachi
(5)) me dit :
- Dégage la coupée, mets-toi là j’appelle un planton qui va t’amener au B.S.I.(6)